L’œuvre de Shakespeare se voit adapter en jeu de société, faites triompher l’amour avant que la haine ne l’emporte dans Roméo et Juliette, le jeu 2 joueurs de Sylex, distribué par Atalia propose une expérience aussi immersive qu’exigeante !
💡 Julien Prothière et Jean-Philippe Sahut
🎨 David Cochard
🏭 Sylex
📦 Atalia
👨👩👧👦 2 joueurs
⏱ 45 – 60min
🧠 Dès 12ans
⚙ Jeu coopératif, communication limitée, déduction, gestion de main de cartes, déplacement « d’ouvriers ».
🎲 Jeu intermédiaire
Le Matériel :

N’y allons pas par quatre chemins, l’édition du jeu est somptueuse, oui clairement !
Après Dreamscape et Mystic Vale (localisation), Sylex nous offre (encore) un jeu au matériel d’une très belle qualité et une direction artistique à tomber !
Les illustrations de David Cochard rendent hommage à l’œuvre originale et offrent un thème vraiment présent et une immersion pour le joueur immédiate ! On est vraiment fan du travail accompli.
Mais là où l’édition du jeu est bluffante c’est cette boîte qui se déploie pour révéler le plateau de jeu (toujours avec des illustrations magnifiques), ça a vraiment son petit effet wahou tout en étant très pratique permettant une boîte à la taille plus contenue car pas besoin d’y ranger un plateau. Vraiment top ! 🙂
Le reste du matériel est d’une excellente qualité, l’édition est une vraie réussite en tout point !
On retrouve dans la boîte :
- 1 plateau scène
- 1 livret de règles
- 3 marqueurs : Haine, Amour et Acte
- 27 cartes Événement
- 2 pions Roméo et Juliette
- 1 jeton Coeur
- 5 jetons Missive
- 9 Pions Chaperon
- 39 cartes (14 Roméo, 14 Juliette, 9 cartes Chapitre et 2 Aide de jeu)
Comment on joue ?
Roméo et Juliette est un jeu coopératif pour 2 joueurs dans lequel les joueurs vont tenter de faire triompher l’amour avant que la haine ne s’abatte sur Verone.
Chacun va jouer l’un des deux tourtereaux qui possède son propre deck de cartes (Lieu et Chaperon) qui serviront à se déplacer de lieu en lieu, le jeu est asymétrique car le deck de Roméo possède plus d’allégorie de la haine (un vil personnage qui peu s’attribuer à l’une ou l’autre des familles) que celui de Juliette, ce qui en fait un personnage un peu plus difficile à jouer.
Le gros avantage de Roméo et Juliette vient de sa mise en place très rapide qui permet de débuter une partie très rapidement, ce plateau faisant corps avec la boîte fait des merveilles !

Ah … l’amour !
Une partie de Roméo et Juliette se joue en 3 actes, chaque joueur aura au départ 4 cartes Lieu et 4 cartes Chaperon en main qu’ils vont devoir jouer pour déplacer leur personnage et activer des actions de lieux dans le but (ou pas) de se retrouver.
À chaque fin de manche (acte) les joueurs referont leur main, quand il ne reste plus assez de cartes dans les pioches pour refaire sa main cela symbolise la fin d’un acte.
Les joueurs l’emportent si le marqueur Amour est arrivé au bout de sa piste, ils perdent immédiatement la partie si le marqueur Haine atteint le bout de sa piste.
Pour que l’amour progresse Roméo et Juliette doivent se retrouver sur le même lieu, si ils se retrouvent sur le Balcon de Juliette alors là c’est la méga teuf et l’amour augmente deux fois.
Oui, mais c’est trop beau cette affaire, n’oublions pas qu’il s’agit d’une tragédie et que les familles de nos deux amants ne peuvent pas s’encadrer littéralement, sur chaque lieu du plateau ou se trouvera au moins un membre de la famille Capulet et Montaigu (ou l’Allégorie de la haine) la haine montera d’un cran. Et comme si cela n’était déjà pas assez compliqué comme cela, Roméo et Juliette comptent bien comme propre membre de leur famille.
Si Roméo vient à se retrouver sur un lieu avec un membre de la famille Capulet (hormis Juliette) la haine augmentera belle et bien !
Heureusement on pourra compter sur le Frère Laurent sorte de joker qui annulera toute haine sur le lieu où il se trouve peu importe le nombre de pions et leur appartenance. Ouf !

Roméo et Juliette est assez simple et accessible dans son gameplay, à chaque tour les joueurs devront jouer deux cartes de leur main, une Lieu (leur destination) et une autre Chaperon (le personnage qui va les suivre).
Mais impossible de communiquer pour programmer quoi que ce soit ou presque !
Avant de joueur leurs cartes les joueurs vont pouvoir s’envoyer des missives, symbolisés par une réserve de jetons propre à chaque joueur. En s’envoyant une missive on va donner un point de rendez-vous optimal à son coéquipier.
Par exemple : « Il serait bien qu’on se retrouve au Balcon de Juliette ».
À l’autre joueur de valider ce choix en retournant le jeton Coeur sur la face Passion, lui indiquant de la sorte qu’on possède le Lieu en question.
Oui bien de renvoyer une missive, si possible, pour donner un autre lieu de rendez-vous car la carte du lieu en question n’est pas dans sa main ou que cela n’est pas la meilleure option, prenant en compte le placement des divers membres de famille, des possibilités de déplacement de ceux-ci et des effets des lieux qu’il sera possible d’activer.
Ou alors si les jetons missive viennent à manquer, de choisir la raison, l’amour ne grimpera pas même si nos tourtereaux se retrouvent mais les joueurs gagneront des jetons missive.
Tout ceci est assez déstabilisant au départ, on tâtonne, on n’ose pas se lancer puis une fois le jeu lancé et les premiers tours joués on s’adapte vite aux mécaniques subtiles du jeu et on se rend vite compte de l’exigence du titre et de sa réflexion et déduction poussée.

Une fois la décision prise : Passion ou Raison, les joueurs révèleront leurs cartes, déplaceront personnages et chaperons puis activeront les effets du.es lieu.x sur lesquel.s ils arrivent. Et ceci doit aussi avoir été mûrement réfléchi car l’activation de l’effet est obligatoire et le résultat peut être problématique en cas de mauvaise observation/réflexion.
D’où l’intérêt parfois de choisir la raison et d’aller sur deux lieux différents pour forcer les membres des familles à se disperser et éviter une progression de la haine tout en glanant quelques jetons missive tellement importants.
Juliette remportant une missive à chaque fois qu’elle se retrouvera avec sa nourrice également.
Les effets sont en général le déplacement des pions des familles ce qui permet avec une belle anticipation d’empêcher les membres des deux familles de se retrouver et de voir la haine augmenter, un autre paramètre à prendre absolument en compte dans l’élaboration du tour et qui donne encore plus de profondeur au titre en ajoutant une dose cérébral supplémentaire.
Still loving you … et c’est tout ?
En fonction de la progression de l’amour sur la piste des événements sont déclenchés ceux-ci peuvent être bons et donc d’une aide précieuse (la haine n’augmente pas sur tel Lieu, l’amour grandit deux fois sur tel lieu, pas d’obligation d’effet de lieu), ou alors moins sympathique qui vont venir foutre le boxon dans ce monde parfait et toute la belle programmation des joueurs pour le tour suivant (pas de gain de missive, déplacement de X chaperon dans un lieu précis etc …).
Ces évènements cassent la « routine » du jeu et obligent souvent les joueurs à réfléchir différemment d’un tour à l’autre. Toutes les possibilités sont remises à plat, on réfléchit à nouveau en prenant compte la nouvelle situation ou les opportunités offertes par ce changent soudain de situation.
Surtout que souvent ils sont one-shot mais certains sont actifs tant qu’ils ne sont pas recouverts.
Ça va grincer des dents c’est moi qui vous le dit ! ☺

Le jeu propose 9 chapitres à la difficulté croissante qui proposent des situations de départ différentes (Cartes Événements, nombre de missive, placement etc …).
En accomplir un vous demandera plusieurs parties (ici il nous en aura fallu 3 pour le premier), réussir un chapitre est un accomplissement en soi, on est heureux et soulagés de voir l’amour triompher, le jeu est vraiment immersif sur ce point, les joueurs sont voués à voir l’amour triompher et subissent la pression de la haine toute la partie, une tension palpable jusqu’au dénouement final qu’il soit heureux ou malheureux.

Mon avis :
Dans la catégorie des jeux 2 joueurs Roméo et Juliette se taille une place de choix !
Se basant sur l’œuvre de Shakespeare mis en avant par de magnifiques illustrations qui donnent au thème une vraie présence et une immersion forte aux joueurs.
Mélange subtil de coopération, de communication limitée et de gestion de main de cartes avec une réflexion poussée, le jeu est très accessible mécaniquement et propose une expérience aussi rafraichissante que clivante.
Les premiers pas sont timides mais une fois lancé le jeu révèle tout son potentiel et offre une très belle profondeur de jeu avec des choix cornéliens pour une difficulté bien présente et croissante tout du long des 9 chapitres que composent le jeu.
Tout est intelligemment pensé pour offrir un gameplay simple, efficace et parfaitement ancré dans la thématique, des jetons missives permettant de se donner des indications, le choix de la passion ou de la raison, au déplacement de son personnage, du chaperon, de l’utilisation des actions des divers lieux jusqu’à la manière de gagner ou perdre la partie, nous avons été immédiatement séduit par l’ensemble parfaitement cohérent et surtout incroyablement plaisant !
Dès les premières cartes jouées nous sommes immédiatement pris dans cette quête du triomphe de l’amour coûte que coûte, analysant chaque possibilité, transmettant au mieux les informations à l’autre joueur, tout en espérant interpréter correctement. Cette quête ne sera pas simple, comme dans tout jeu coopératif les parties sont tendues, il faudra essuyer plusieurs échecs avant de sortir victorieux sans que pour autant on doive passer des dizaines de parties avant d’y parvenir et ça c’est vraiment appréciable !
On pourra compter sur des événements pour venir nous faciliter la tâche ou nous la rendre plus compliquée ce qui offre un renouvellement en plein coeur d’une partie, une situation qui nous semblait acquise peut vite être chamboulée et obligera les joueurs à réagir en changeant brutalement leur plan initial.
Et que dire de l’édition du jeu, une réussite en tout point, cette splendide boîte qui laisse apparaitre le plateau de jeu et le rangement pour le matériel qualitatif et pensé pour être en adéquation avec le thème renforçant encore l’immersion ! Que c’est bien pensé, que c’est original ! Bravo Sylex !
Roméo et Juliette est un jeu exigeant et très prenant, proposant un jeu deux joueurs aussi accessible qu’original, il ne ressemble à nul autre et c’est là sa force.
Les joueurs sont littéralement happés dans cette quête pour faire triompher l’amour !
Une expérience coopérative pour 2 joueurs qui nous a plus que conquis et ne devrait pas avoir de mal à se placer dans les « must have » de cette catégorie tant c’est un véritable coup de coeur pour nous !
On vous invite vivement à le découvrir. 🙂
Les + :
- Un thème original, présent et qui sent bon l’amoooouuur (et un peu la haine aussi) !
- Mécaniquement accessible et très efficace
- Une très belle profondeur de jeu, réflexion poussée, choix nombreux
- Programmation, observation, analyse mais en communication limitée
- Les missives, pour les allergiques au manque de communication
- Une édition de haute volée !
- Cette boîte nondidiou ! 😍
- Des parties tendues, une difficulté croissante sur 9 chapitres
- Choisir la passion ou renoncer pour la raison
- Les effets des lieux
- L’asymétrie du deck de Roméo et Juliette
- La manière de faire progresser l’amour et la haine que c’est bien trouvé (et chaud patate !)
- Les événements variés
- Pas besoin de se farcir 25 parties avant de s’en sortir (sur les premiers chapitres ^^’)
- Les règles simples
- L’une des meilleures expérience deux joueurs de ces dernière années
Les – :
- Début un peu hésitant, on est un peu perdu (euh on fait quoi ?)
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C’est pas vraiment fun, ça manque de folie. Un peu trop répétitif.
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